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    L'histoire du radeau de la Méduse

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    Christophe Melot
    Christophe Melot

    La simple évocation de ce nom nous fait penser au célèbre tableau de Géricault au Louvre dont le talent restitue avec tant de beauté la tragique histoire de ce naufrage.
    Pour accompagner le documentaire créé par le Musée de la Marine de Rochefort, je vous propose de retracer cet évènement. Le récit suivant est issu du livre d'Alexandre Corréard, paru en 1817 et qui fit connaître au monde l’horreur de cet évènement.

    Une flotte en service

    Rappelons-nous les faits. Nous sommes en 1816, le Sénégal vient d’être rendu à la France par les traités de 1814 et 1815. Il s’agit alors de repeupler cette terre et d’en reprendre le contrôle en y envoyant tous les éléments d’un gouvernement. Pour cela, 4 voiles* sont envoyées vers ce pays afin d’y apporter hommes et matériels nécessaires. Il s’agit de la frégate de 18 « la Méduse » commandée par M de Chaumarey, la corvette « l’écho », la flûte « la Loire » et le brick « l’Argus ». Les navires partent ensemble mais leur marche* inégale les forcent à se séparer. La frégate marchant* mieux que tous les autres, seul l’Echo parvient, avec peine, à la suivre.
    Définition de marcher :

    M de Chaumarey, capitaine de la Méduse, n’a pas navigué depuis plus de 10ans, à cause de la Révolution et de l’Empire qui ont écarté ce noble de l’ancien régime de ses responsabilités. Avec le retour de la royauté, son poste et son commandement lui sont rendus. On affirmera que le Capitaine sera surpris de l’obéissance de ses hommes, ce que l’on peut comprendre car l’équipage était formé principalement d’Hommes fidèles à l’Empire.

    La Méduse courant diverses bordées au plus près du vent

    En route vers le Sénégal

    Au large de la Mauritanie, une erreur d’appréciation fait reconnaître le Cap Blanc, le confondant avec des nuages. La frégate vire alors de bord. La corvette Echo tente de lui signaler son erreur par des signaux lumineux produits par des amorces dans ses mâts. Mais la Méduse continue sa route sur les bancs de sable du Banc d’Arguin.

    ©Observatoire du PNBA,Itinéraires des Naufragés de la Méduse, 2009

    Le banc d’Arguin en Mauritanie

    L’échouage

    Ses hauts fonds vont causer sa perte. La couleur de l’eau ayant peu à peu changé, un canot est envoyé pour sonder les fonds après le soi-disant passage du cap, mais il est déjà trop tard. La frégate n’a pas le temps de reprendre de la vitesse et talonne*, alors même que c’est l’instant de la pleine mer.

    Diverses méthodes sont tentées pour déséchouer le navire.
    En utilisant les ancres : cette technique consiste à mouiller* une ancre dans la direction que l’on veut donner au navire et tirer dessus au cabestan afin de le faire avancer.
    On fait également tout pour alléger le navire en vidant l’eau et en démontant le plus d’éléments de mâture possible.
    Mais les fonds sableux n’ont pas la consistance pour accrocher ses ancres et les diverses tentatives ne donnent rien. N’ayant d’autres solutions, l’ordre est donné d’abandonner le navire.

    Comment évacuer tant de monde

    La Méduse est surchargée. À son équipage viennent se rajouter le matériel et les hommes destinés à la colonie. Face à ce nombre, le grand canot, le canot major, le canot du commandant et la chaloupe présents à bord sont loin d’être suffisants.
    Lors d’un conseil, capitaine et officiers décident de la confection d’un radeau qui pourra transporter vivres et personnes. Celui-ci sera remorqué par les autres embarcations du navire, permettant ainsi d’assurer la survie de tout le monde.

    Ce radeau, confectionné avec les moyens du bord, sera susceptible de porter « deux-cents hommes avec des vivres ».

    Caractéristiques du radeau

    Le récit de Corréard continue par une description technique du radeau, énonçant ainsi qu’il était constitué de différents éléments de mâture tels que mâts de hune, vergues, jumelles, beaumes et autres. Les deux mâts de hune formant les deux pièces principales, telles qu’on peut le voir sur le plan, établissant aussi la longueur du radeau. Pour relier ces différentes pièces, des planches (venant très certainement de la cargaison destinée à la colonie) furent clouées et liées à l’aide de cordages. Sur les côtés, des éléments servaient de garde-fou mais l’ensemble, trop chargé, plaçait constamment une partie des corps de l’équipage dans l’eau. On peut constater à l’avant deux morceaux de mâture formant un triangle. « Sur l’extrémité des mats de hune, on avait frappé deux vergues de perroquet, dont les extrémités les plus en-dehors étaient tenues par un fort amarrage, et formaient ainsi le devant du radeau », partie constamment submergée et peu résistante. Ainsi le radeau « avait au moins 20 mètres sur à peu près 7 de large ».
    Au départ il fut conçu sans mâture mais disposait du cacatois de perruche (plus haute vergue du mât d’artimon) et du grand cacatois (plus haute vergue du grand mât) qui assemblés, on pu leur servir de mâture sur le radeau.

    Plan du radeau

    Radeau à l’eau

    Le navire est abandonné lorsqu’il y a 2,70 mètres d’eau dans la cale et que les pompes ne peuvent plus franchir*. Rapidement l’eau atteint l’entrepont. Le radeau embarque de bonnes quantités de vin et un seul sac de biscuits trempé en tombant à l’eau. Y sont aussi embarqués une majorité de militaires auxquels il est interdit d’emporter leurs armes (sauf sabres) et enfin des officiers qui ont des fusils de chasse et des pistolets. Il y a donc de 147 à 150 personnes : « 120 soldats y compris les officiers de terre, 29 hommes, marins et passagers et une femme ». Seuls 17 hommes sont abandonnés sur la frégate, ces derniers refusant d’embarquer car ils estiment que la chaloupe n’est pas « susceptible de naviguer ».

    Le départ de cette expédition commence par la prise en remorque du radeau ou de « la machine » comme l’appelaient certains hommes, par deux embarcations.
    Celles-ci, au prix de maints efforts, larguent leur remorque car le radeau, trop lourd, tire les canots vers le large à cause des courants qu’ils subissent. Ils ne veulent pas prendre le risque de se trouver en pleine mer avec des coques non pontées*. La suite nous est brillamment exposée à travers le documentaire du Musée de la Marine de Rochefort.

    Un documentaire pour nous raconter

    Le documentaire prend tout son intérêt au moment où le radeau est livré à lui-même décrivant ainsi toutes les privations et les événements tragiques que l’équipage a eu à subir. Une bonne narration nous permet de nous rendre compte des souffrances qu’ont dû endurer ces hommes. Le documentaire alimenté de dessins et de vues 3D, permet de visualiser la situation du radeau, tant en terme de flottabilité que de capacité à accueillir une population des jours durant. C’est un grand travail de reconstitution qui à été réalisé grâce aux équipes du Musée de la Marine de Rochefort. Nous suivons Philippe Mathieu responsable du musée dans sa quête de vérité. Il nous guide des Archives de la Marine de Rochefort au Louvre, où il nous fait découvrir tous les documents officiels du naufrage composés de différents témoignages et des rapports du jugement qui ont suivi.
    Il collabore avec différents spécialistes tels que :
    Martine Accera : Historienne de la Marine, dont les ouvrages font autorité et qui travaille sur les archives
    Alain Morgat : en charge du Service Historique de la défense à Rochefort pendant de nombreuses années
    Jean-Philippe Huot : architecte naval, en charge en particulier du gréement de la réplique de l’Hermione
    Le musée de la Marine lui-même, qui a mis sa documentation et ses collections au service du projet.

    La reconstruction

    Grâce à tous les documents réunis, la reconstruction du radeau à l’échelle 1, est entreprise en 2014. C’est une des formidables idées de ce documentaire et cela nous permet de nous rendre compte de la dimension même du radeau et de sa flottabilité grâce à sa mise à l’eau une fois achevé.
    Géricault, un artiste au service de l’Histoire

    Au delà du récit sur le radeau, le documentaire retrace la vie de Géricault à partir du moment où il découvre le recueil de de Corréard.
    Pris de passion pour l’évènement, il décide d’en faire le sujet de sa prochaine oeuvre mais le temps lui manque… Je vous invite à découvrir ce film qui vous replonge dans l’histoire.

    Pour en savoir plus

    Sur ce sujet voici un article très éclairé qui présente une étude de l’oeuvre de Géricault.
     http://lillusgraphie.com/la-veritable-histoire-du-radeau-de-la-meduse/
    Bonne lecture

    Bibliographie

    Si vous souhaitez plus de renseignement sur le sujet, voici quelques liens :

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